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Construction de 35 logements bioclimatiques
, Paris (14)
- LIEUParis (14)
- PHASEConcours
- DATE2021
- ProgrammeConstrction de 35 logements, d'une maison de santé et de bureaux
- Maîtrise d'ouvrageRIVP
- Surface2 418 m² SDP
- Budget8,5 M € HT
- MissionBase
- MandataireBoris Bouchet architecte
- ÉquipeAtelier Julien Boidot (archiecte associé), Batiserf (structure), Studis (fluides), CNSN (économie)
- PerformanceRE 2020, bâtiment Biosourcé E2C1, ventilation naturelle par cheminée bioclimatique, construction pierre
- CréditsImages : Jeudi Wang
Dans un contexte de commande technique et normative toujours plus exigeante, en particulier lorsqu’on parle d’habitat, on comprend que l’enjeu est moins technologique qu’humain. Nous avons alors choisi de prendre le contrepied d’une démarche technicienne pour atteindre les objectifs bas carbone, en faisant le pari des usages : atteindre les objectifs thermiques en utilisant des usages bas-carbone. L’exercice consisterait à trouver le bon équilibre entre l’efficacité bas carbone de la construction et l’efficacité d’usage sur le long terme. Ainsi, afin d’allier ces attentes performatives, usuelles et sensorielles, le projet propose comme intention de départ, la mise en œuvre d’une structure mixte en pierres massives supportant des planchers en bois massif.
Imaginées comme des blocs creusés dans la masse, les piles en pierres massives abritent les pièces humides, les gaines et les placards. Au-delà de leur fonction technique, elles projettent le matériau naturel au cœur du logement et au plus près de l’usage quotidien de ses habitants, alliant l’usage aux logiques climatiques et structurelles. La superposition des piles à chaque étage permet d’accueillir des cheminées de ventilation hybrides fonctionnant avec un tirage naturel, quand les conditions de météo le permettent, donc sans moteur. Associées aux petites fenêtres verticales installées discrètement dans le calepinage des pierres en façade, les cheminées assurent alors une ventilation naturelle des pièces humides. Sur la façade sud, elles séparent des loggias disposées en retrait, ouvertes sur les pièces de vie par des baies coulissantes et protégées par des volets persiennes posés au nu extérieur. Ce dispositif constitue une extension de la pièce de vie et offre un espace extérieur modulable, protégé l’hiver comme l’été. Ouverte sur le boulevard sans masque, le calcul thermique montre que l’exposition Sud permet de ne pas isoler les parois épaisses en pierres (principe développé dans la partie thermique de la notice). Il s’agit de bénéficier de l’inertie de la pierre à l’intérieur des logements pour améliorer le confort d’été tout en laissant la matière noble en façade.
En s’affinant du bas vers le haut sur les façades ouest et sud et à l’inverse, du haut vers le bas en façade nord, les piles en pierres sont le fil conducteur dans le dessin des façades. Pour assurer leur fonction de cheminée, elles se prolongent au-delà de la rive de toiture et marquent une ligne de ciel singulière. Ces dispositifs mettent en scène les piles comme l’élément prédominant des façades, privilégiant une lecture verticale depuis le paysage du boulevard. C’est une manière d’assumer le rôle de point de repère inhérent à la situation d’angle. Toutefois, le projet cherche à construire une double lecture, une architecture verticale à l’échelle du grand paysage du boulevard et l’apparition de lignes horizontales en façades dans une logique de continuité avec les immeubles contigües du Boulevard Jourdan et de la rue du Père Corentin. Ce jeu entre verticalité et horizontalité raconte l’histoire des immeubles modernes voisins, la mise en œuvre de pierres massives en façade fait écho à l’immeuble classique qui lui fait face à l’angle. Enfin, le travail de soustraction des volumes, opéré sur l’angle et aux derniers étages, est d’abord un ensemble de politesses vis-à-vis des immeubles voisins. Mais ces singularités formelles, pensées comme des blocs de pierres soustraits au volume général, l’expression des cheminées apparentes, les variations dans la taille ou le calepinage des pierres rapprochent enfin le projet de l’univers des HBM qui domine le paysage des Maréchaux.